État sanitaire des troupeaux

L’étude de la biodiversité et des concentrations en parasites est envisagée pour évaluer l’état sanitaire des troupeaux de camélidés à l’époque préhispanique. L’objectif est de réaliser une analyse des parasites tant internes (mésoparasites) qu’externes (ectoparasites) pour déterminer les différents taxons en présence à l’aide de techniques microsocopiques et, selon les cas, de biologie moléculaire. Leur identification procurera des informations sur l’état de santé des animaux, les conditions d’hygiène dans lesquelles les camélidés étaient élevés, et nous renseignera par conséquent sur les modes de gestion des bêtes.
L’étude paléoparasitologique a été divisée en deux : l’analyse des mésoparasites (parasites du tube digestif) et l’analyse des ectoparasites.

Coprologie, immunologie et biologie moléculaire (mésoparasites)

Œufs d’helminthes provenant de fèces de camélidé du site de Huanchaquito a. Œuf de Trichuridae (96.92 x 66.76 µm) ; b. Œuf de Trichuridae (95.45 x 51.09 µm) © Matthieu Le Bailly

Les vers parasites ou helminthes du tractus gastro-intestinal seront l’objet principal de l’étude. Les marqueurs recherchés pour la mise en évidence de ces pathogènes sont les œufs résultants de la reproduction des adultes. Ces œufs possèdent une coque multicouche notamment constituée de chitine, qui confère une très grande résistance à ces éléments vis-à-vis des phénomènes taphonomiques.
L’extraction des œufs d’helminthes (les techniques de la parasitologie classique n’étant pas efficaces sur des œufs anciens) se fera grâce à la technique R-H-M (Réhydratation-Homogénéisation-Microtamisage). En fonction des taxons mis en évidence et des avancées techniques au moment des analyses, des techniques de biologie moléculaire pourront être mise en œuvre : PCR simple ou multiplex. Enfin des techniques d’immunologie sont également envisagées pour la mise en évidence de restes antigéniques de protozoaires parasites des intestins d’animaux comme Cryptosporidium parvum, une zoonose transmissible à l’homme et agent de diarrhée importante.

Étude des ectoparasites

Les investigations archéoparasitologiques se révèlent d’un intérêt majeur en fournissant des informations importantes tant sur l’origine et la mise en place de la relation hôte/parasite, l’histoire des migrations passées que sur les conditions sanitaires. Elles s’inscrivent également dans une perspective paléoépidémiologique par la mise en évidence éventuelle de maladies du passé (ectoparasitoses). L’environnement hyper-aride de la côte nord du Pérou a permis une conservation exceptionnelle de divers ectoparasites au sein du pelage d’animaux découverts sur les sites de Huanchaquito et Huacas de Moche. Leur étude laisse entrevoir de passionnantes perspectives sur l’impact de l’élevage (celui-ci induisant notamment une promiscuité “non naturelle” des animaux), sur la dissémination et/ou la prolifération de certains ectoparasites. L’approche paléoépidémiologique des ectoparasites tout autant que l’écologie de la transmission (hôtes, vecteurs, réservoirs, environnement) seront également envisagées au cours de cette étude. D’une manière générale, et au-delà du fait qu’il s’agit probablement de la première découverte archéologique d’ectoparasites de camélidés, ce travail nous renseignera sur les conditions sanitaires des camélidés sur la côte nord du Pérou.

Les sociétés préhispaniques face à leur environnement : variations spatiales et diachroniques du pastoralisme andin (100-1470 apr. J.-C.)

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